Recycler des couches, oui, mais pas dans ma ville

Quatre sénateurs américains de l’état de Californie ont proposé en février 2003 d’augmenter d’un quart de cent le prix de chaque couche jetable, afin de reverser la différence à l’organisme chargé du recyclage des déchets californien. La proposition du sénat permettrait d’apporter un financement annuel d’environ 5 millions de dollars aux villes afin d’établir des programmes de recyclage des couches usagées.

Le maire adjoint de la ville de Fremont a cependant donné un avertissement très clair. Si la proposition d'une taxe sur les couches jetables était acceptée, les membres du conseil pourraient être ceux qui paieront un prix exorbitant pour leurs Depends (NDR : marque américaine de changes complets pour adultes) dans le futur. 'Cette taxe va nous hanter jusqu'à la fin, parce qu'il se peut que nous portions tous ces choses là dans vingt ans.' a déclaré Bill Pease aux membres du Conseil. ' Vous pouvez dire que ce n’est qu’un quart de cent par couche, mais quand on voit comment fonctionne Sacramento, d’ici cinq ans ce sera un dollar par couche.'

Les membres du Conseil de la ville ont déclaré qu'ils n'étaient pas prêts à adopter une position officielle sur la proposition de loi concernant le recyclage des couches. Ils ont ajouté que le concept était cependant intéressant pour les villes soucieuses de l’environnement.

L’agence de protection de l’environnement américaine rapporte que plus de 3 millions de tonnes de couches jetables ont été entreposées dans les décharges en l’an 2000. Un seul programme pilote de recyclage des couches existe en Californie, à Santa Claritad. Les effets du programme, toujours à ses débuts, ne seront pas connus avant plusieurs mois.

Le maire Gus Morrison, qui a sa propre solution pour diminuer la quantité de couches dans les décharges, a déclaré que le recyclage n’était pas vraiment une bonne idée. 'Je pense qu’il faudrait trouver un moyen de jeter séparément le plastique et le contenu des couches. Cela serait beaucoup plus efficace que de recycler et de transporter des couches sales sur la moitié du territoire jusqu’à un centre de retraitement.'

On peut trouver amusant que ces hommes politiques américains s’imaginent déjà porter des couches pour le reste de leur vie. On trouvera sans doute beaucoup moins drôle le fait qu’ils soient prêts à laisser s’entasser des tonnes de couches dans la nature, mettant ainsi en péril leur environnement, sous prétexte qu’ils vont devoir mettre eux aussi la main à la poche…